Isaac Laquedem ou Le roman du Juif errant
de Alexandre Dumas

critiqué par Adrenocrome, le 27 août 2007
( - 45 ans)


La note:  étoiles
"Un drame religieux, social, philosophique..."
Le 30 Août 1852, Alexandre Dumas adresse une lettre au journal Le Pays annonçant « L’œuvre capitale de sa vie … une puissante épopée qui promènera à travers les ages historiques la symbolique légende d’ Isaac Laquedem.»
La légende du Juif Errant est sans doute, à l’origine une allusion obscure à l’évangile selon St. Jean qu’une tradition orale interprétera de cette façon : le Juif errant serait ce cordonnier qui aurait refusé à Jésus de s’arrêter dans sa maison pour se reposer lors de la rude montée du Golgotha, celle-ci étant une des nombreuses interprétation données à celle-ci.
Alexandre Dumas a voulu, en écrivant la légende du Juif errant, faire de ce personnage le témoin de l’histoire des hommes.
Il mélange mythologies et histoires saintes, met en scène des personnages tirés des évangiles ou de légendes Grecques comme : Marie-Madeleine, Prométhée, Cléopâtre, Grégoire VII , Pilate ,… Jésus. Ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde. Lorsque parait la première partie du roman dans Le Constitutionnel, le roman fait grand bruit dans la presse catholique qui s’insurge devant « un auteur habillant le fils de Dieu, la vérité elle même en personnage de roman ».
A cette époque le Second empire vient d’être proclamé et le journal sera contraint de couper toute la partie du roman qui raconte l’histoire de Jésus.
Sur dix milles feuillets prévus, Dumas n’en aura écrit que mille et ne reprendra jamais son roman.
Ce roman qui devait être à l’origine la première partie d’une fresque en dix romans distincts, retraçant l’histoire du monde depuis Prométhée jusqu'à l’ange du jugement dernier, est sans doute le plus surprenant des innombrables romans que l’auteur des Trois Mousquetaires et de Monte-Cristo nous a laissé.
Même si celui-ci peut être considéré comme un roman à part entière, pour ma part, après l’avoir lu, je ne peut m’empêcher d’en vouloir à la censure impériale (sans convictions politiques particulières) de m’avoir – peut-être – privé de la suite d’une roman ayant comme personnages principaux : Jésus, Marie – Madeleine, Pilate, Tibère, Le Juif errant, Cléopâtre, Prométhée, Octavie, Charlemagne, Vitekind, la fée Mélusine, Renaud, Les trois fées, Thor, Odin, les Walkyrie, le loup Fleuris, La Mort, le Pape Grégoire VII, Charles IX, le Cardinal de Lorraine, Catherine de Médicis, Napoléon, Talleyrand, les douze maréchaux, Marie-Louise, Hudson Lowe, l’ombre de Roi de Rome, l’avenir, le monde tel qu’il sera dans mille ans, écrit par Alexandre Dumas.
Un roman passionnant, d’une richesse culturelle et historique qui en vaut le détour.
Des scènes romanesque où Dumas met toute son imagination mais aussi tout son esprit.
En puisant dans son immense connaissance de l’histoire, des faits, des vérités, des mythes, des personnages, il nous laisse un superbe roman haut en couleurs, vrais et magique à la fois, différent, surprenant – surtout pour les amateurs de romans de Dumas -, que je conseille à tout le monde.
L’histoire de l’humanité 10 étoiles

SPOILER POSSIBLES

Ce roman débute au XVème siècle, Alexandre Dumas, selon son précepte de faire agir d’abord son personnage, donc de commencer par "l’action", montre un mystérieux voyageur se rendre à Rome pour voir le pape, il est arrêté deux fois et doit payer chaque fois un droit de passage, la première fois il révèle à son hôte la cachette d’un fabuleux trésor, la deuxième il montre son habilité à l’arc face aux meilleurs archers, mais pressé et retardé par ses deux haltes, il ne tient pas compte des signes des autres lui demandant de s’arrêter, alors ceux-ci l’attaquent, mais aucun projectile ne le blesse ou le tue, ce voyageur semble invincible, arrivé devant le pape et choisi comme invité parmi d’autres, le voyageur se rend compte que même le pape ne peut l’absoudre celui-ci le garde néanmoins comme invité et lui promet d’essayer de trouver une solution pour que sa malédiction cesse….

Ce roman d’Alexandre Dumas est un de ceux qui se déroulent dans l’antiquité et cette partie n’est que le dixième de ce qu’il voulait faire, raconter l’histoire de l’humanité à travers la figure du Juif errant, maudit, dans ce roman car cette histoire a de multiples versions, par le Christ car il lui a refusé un instant de repos sur son banc en lui ordonnant de marcher, rendu invincible et immortel , il est condamné à marcher et à traverser toute l’histoire humaine jusqu’à ce que le Christ lui-même lève sa malédiction.

Dumas à cause principalement de la censure n’a pu publier que le dixième de ce qu’il avait prévu, c’est ce dixième que contient l’édition critiquée et quand on voit les ambitions de l’auteur, qui considérait quand il présentait ce roman comme son œuvre maîtresse, c’est frustrant surtout qu’en plus de retracer l’histoire de l’humanité, la dernière partie devait se passer dans le futur, 3000 ans, et on aurait eu droit à de la science-fiction à une époque où le genre n’était pas répandu et vu l’imagination de Dumas ça aurait sûrement été aussi épique que quand il reconstitue le passé.

Avis:

Ce livre est atypique dans l’œuvre de Dumas à plusieurs titre: il se passe pendant l’antiquité, le ton est sérieux, on n'a pas les dialogues foisonnant et l’humour qu’on peut retrouver même dans "Le Comte de Monte-Cristo" par certains personnages comiques, on est plus dans le ton de ses premiers romans et ses chroniques historiques, et il mélange l’Histoire et la Mythologie comme si chacune de ces deux matières était indissociable de l’autre là où un autre écrivain et/ou historien ferait la part des choses, par exemple le Christ est autant traité comme un personnage historique que comme un dieu et apparemment c’est ça qui a posé problème à la censure.

Il raconte aussi la fin des divinités tant le titan Prométhée que les Parques et celle de Jupiter/Zeus (Dumas alterne les noms et les mythologies grecs et romains) provoquée par l’arrivée du Christ qui marque la fin d’une époque.

Ce roman ne fait "que" 400 et quelque pages, court pour Dumas, et pourtant on a l’impression d’une œuvre plus conséquente vu tout ce qu’il raconte, rien que l’histoire de Jésus pourrait être un roman à part, mais il ne s’en contente pas il résume l’histoire romaine, l’histoire de Jérusalem, la mort de Cléopâtre, la prise de pouvoir de Zeus, la recherche de la Toison d’or…

Comme défauts, je dirais que l’édition comporte trop de coquilles et c’est désagréable pour la lecture et puis les histoires s’enchaînent peut-être trop rapidement et on passe d’un personnage historique à l’autre sans vraiment de transition ce qui implique une certaine connaissance de la période.

Killeur.extreme - Genève - 44 ans - 16 juillet 2025