La fille dévastée de Rozenn Guilcher

La fille dévastée de Rozenn Guilcher

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 23 octobre 2009 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 51 ans)
La note : 8 étoiles
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La maternité, c'est la haine

Que de haine et de cruauté dans ce récit, d'amour aussi. Des éléments indispensables à cette relation déchirée entre une mère et sa fille, relation faite de perversité et de souffrance, qui ne peut qu'aller droit dans le mur. Avec des mots très durs, Rozenn Guilcher explore cet univers fait de douleur, l'histoire de cette fille qui se voit comme un mauvais rat que sa mère n'a de cesse de blâmer et d'injurier. Dans cette descente vers l'interdit, tant la mère que la fille se renvoient la balle, chacune est l'enfer de l'autre.
Tout commence avec un abandon, un jour dans la neige, celui d'un bébé que sa mère ne veut pas puis finira par reprendre, face à la pression. Le poids de cet abandon sera tel que toujours, il deviendra impossible à (sup)porter pour l'une et l'autre, alors il faut inventer un jeu, celui de la mère et de la fille. Tout va bien quand la fille se comporte telle que voudrait la voir sa mère mais gare si jamais il n'en est pas ainsi. Inversément, la mère est vue comme aimante lorsqu'elle fournit à sa fille ne serait-ce qu'une once de cet amour tant attendu. Impossible relation vouée à l'échec qui prend le lecteur aux tripes et dont on ne ressort pas indemne.
L'auteur a choisi les mots justes, ceux qui percutent, pour nous dire l'innommable, et donne un bon coup dans la fourmilière de ce qu'on appelle l'amour maternel. Tout est dans la violence, dans la sensibilité humaine et à travers cette haine permanente retentit un fabuleux cri d'amour inassouvi. Ce qui rend le tout encore plus révoltant et triste, car au final, quel gâchis parfois que la vie.
En déclinant les différentes parties de l'existence, passant de l'enfance à la maturité, la narration implique le lecteur dans le récit, il se fait spectateur, voire complice car lui aussi finit par ressentir d'ambigüs sentiments qui prennent le dessus sur toute raison. Sans doute là un des tours de force de ce roman qui n'hésite pas à aborder la douleur physique, l'inceste ou encore le rejet de manière froide et distante, désincarnant l'humanité et faisant ressortir ce qu'elle peut avoir de vil. Un roman coup de poing !

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Les éditions

  • La fille dévastée [Texte imprimé] Rozenn Guilcher
    de Guilcher, Rozenn
    Sulliver / Littératures actuelles
    ISBN : 9782351220597 ; 15,00 € ; 06/10/2009 ; 173 p. Broché
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