Le Sacré en Occident

Emmanuel Aquin est athée. Mais comme l’écrivait Jean-Paul Sartre, ce sont les incroyants qui s’intéressent le plus à l’existence de Dieu. Après Eschylle, Emmanuel Aquin emprunte le sentier de l’ontologie, en continuant même le pèlerinage avec Prométhée, le héros du poète grec. Au lieu de l’incarner après les guerres médiques, l’auteur lui fait subir les affres du 20e siècle.

Né en 1900, le héros s’est aperçu que « la chair et le sang étaient progressivement remplacés par le métal et l'électricité. Les chevaux se transformaient en automobiles, les oiseaux en avions, l'herbe en béton. » Devant ce rythme vertigineux qui l’enchaîne, il crie à la délivrance. D’abord de sa mère, puis de la Première Guerre mondiale, qui le transforme en monstre. Comment devenir un ange dans la belligérance ? Comment réparer le passé quand « plus personne ne porte attention aux églises agonisantes » ? Resté en Europe après la der des ders, il est en quête de rédemption. Pour s'y faire, il se consacre à la réfection des églises pour raviver le sacré en Occident. Dans cette tâche, il est épaulé par son frère aîné qui, tel un Épiméthée, le frère de Prométhée, lui prodigue des conseils. C'est un visionnaire qui veut « préserver une croyance qu'il ne voyait pas. »

Bref, l'auteur brasse le fond religieux d'un siècle qui a troqué le crucifix pour le fusil. Grâce à une écriture dépouillée, son magnifique conte théologique fait ressortir les assises d’une civilisation moribonde, qui risque de nous faire dire avec Charles Aznavour : « Je n'ai pas vu le temps passer. » Un temps dont se préoccupe Phénix en exploitant l’époque des stars.

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  Phénix

  de Aquin, Emmanuel
  Leméac
  ISBN : 9782760933071 ; CDN$ 20.95 ; 01/09/2008 ; 132 p. Paperback