L'Anour à distance

Parfois je pense à toi si fort
Je récrée ton âme et ton corps
Je te regarde et m'émerveille
Je me prolonge en toi
Comme le fleuve dans la mer
Et la fleur dans l'abeille

La Manic de Georges Dor est une chanson apparentée à L’Amer Atlantique de Jean Beaudry. Les deux auteurs ont même emprunté la facture de leur œuvre à l’art épistolaire. Le roman collige des lettres d’amour achetées dans un marché aux puces. Cette acquisition donne lieu à un Montréalais de relever les tenants et les aboutissants d’un coup de foudre.

Le héros a connu Agnès à la Saint-Sylvestre de 1979, alors qu’elle s’apprêtait à retourner à Paris. Une correspondance de huit mois s’en suit. La distance n’a pas d’importance quand les flèches de Cupidon atteignent la cible. Et quand on n’a rien à se dire, on suit le conseil de Georges Dor : « Écris cent fois les mots Je t'aime, ça fera le plus beau des poèmes. Je le lirai cent fois. Cent fois, c'est pas beaucoup pour ceux qui s'aiment. » Une page se trouve ainsi couverte du seul prénom de la Valentine.

Pourtant les prémisses ne présagent pas d’un épilogue heureux. Aveuglés par l’amour, les soupirants courent vers le gouffre avec enthousiasme. Loin des yeux, loin du cœur, prévient le dicton. L’absence délite la passion la plus enflammée quand un océan peut causer l’extinction des feux d’une traitre Saint-Sylvestre, d’autant plus qu’Agnès n’est pas intéressée de mettre fin à ses amours anciennes.

Même si le genre se prête à la redondance, la réitération des sentiments conserve une élégance parée contre l'ennui. Pour ajouter à l’intérêt du lecteur, 33 photos illustrent le même coin de rue, soit « les rues sales et transversales » à l’angle de St-Urbain. Carrefour de l’attente de l’autobus 55, harmonisée à celle d'un héros incapable d'étancher sa soif d’amour même en éclusant l’amer Atlantique.

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  L'Amer Atlantique

  de Beaudry, Jean
  Triptyque
  ISBN : 9782890317123 ; 34,00 € ; 06/02/2011 ; 105 p. Broché