Versicolor
de Marc Forget

critiqué par Libris québécis, le 31 mars 2012
(Montréal - 83 ans)


La note:  étoiles
Médecin sans frontières
Après une rupture, le héraut des « loosers » du roman a choisi de refaire le monde en offrant ses services à « une multinationale de l’humanitaire ». Les ONG, « drapés dans leur propre légende », comptent bien être vénérés pour leurs exploits plutôt imaginaires. L’auteur, qui est médecin à Puvirnituq, une ville de la Sibérie québécoise, a participé à quelques missions, qui lui ont appris que les coopérants sont laissés à eux-mêmes, sans compter les maladies tropicales incurables toujours prêtes à assombrir leurs secourables interventions auprès de l’humanité souffrante.

Le docteur David Dupuis l’a compris à ses dépens. Revenu du Soudan avec une maladie, qui le prive, comme un daltonien, de la dimension versicolore des choses, il passe sa convalescence dans un chalet, où son ami Loïc lui prodigue les meilleurs soins. Entre les deux hommes s’est développée une amitié presque salvatrice. Mais qui peut oser se prendre pour un rédempteur ? N’inocule-t-on pas plutôt « un peu de sa noirceur » ? écrit Loïc, qui a invité David à l'accompagner en Argentine, où il tourne son prochain film.

Comme le Dr Jean Désy, Marc Forget a une expérience de vie unique comme médecin du Grand-Nord et romancier. Il réussit à la partager avec éloquence dans ce roman, en particulier dans le cadre du volet africain. Le volet argentin est raté. Dommage ! Mais quand même, il vient d’écrire un blues très crédible de l’humanitaire engagé à ses risques et périls.