L'homme qui savait la langue des serpents de Andrus Kivirähk
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Un très grand moment de lecture
Magnifique, superbe.. je vais cesser là les superlatifs tant ils risquent de desservir ma critique.
C'est un roman estonien censé se dérouler vers le 13 ème siècle au moment des invasions allemandes. Il narre la vie de Leemet, homme vivant dans la forêt avec ce qu'il reste de son peuple, la plupart ayant décidé de rejoindre les villages répondant "aux sirènes du monde moderne".
Leemet a cette particularité de parler "la langue des serpents", sorte de langage universel dans la forêt qui lui permet de discuter avec la majorité des animaux.
Peu à peu sa famille voit tous leurs amis et voisins partir et la forêt se dépeupler et bientôt ils ne restent qu'une poignée, garants des rites ancestraux.
Chaque jour, il est tenté de rejoindre les villageois, qui pourtant, travaillent dur et "croient en un génie nommé Jésus".
Ce livre est riche par l’ingéniosité de son histoire et tous les symboles qu'il véhicule. Plein d'humour mais aussi très pessimiste on y croise des personnages épatants... un sage complètement fou et dangereux, un ours volage, des poux ayant la taille d'un chien...
L’édition est luxueuse, moi qui râle souvent sur le prix des livres, je n'ai rien trouvé à dire sur celui-ci !
Attention toutefois, le texte dérangera peut-être certains lecteurs par sa violence et son anticléricalisme assumé.
A mes yeux un grand texte.
Merci aux éditions Attila d'avoir édité ce texte, j'ai acquis dans cette même maison d’édition "les cobayes".. A suivre
Les éditions
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L'homme qui savait la langue des serpents [Texte imprimé] Andrus Kivirähk traduit de l'estonien par Jean-Pierre Minaudier
de Kivirähk, Andrus Minaudier, Jean-Pierre (Traducteur)
Attila
ISBN : 9782917084649 ; 19,78 € ; 10/01/2013 ; 421 p. Broché -
L'homme qui savait la langue des serpents [Texte imprimé] Andrus Kivirähk traduit de l'estonien par Jean-Pierre Minaudier
de Kivirähk, Andrus Minaudier, Jean-Pierre (Traducteur)
le Tripode
ISBN : 9782370550057 ; 14,42 € ; 01/08/2013 ; 1 vol. (421 p.) p. Broché -
L'homme qui savait la langue des serpents [Texte imprimé] Andrus Kivirähk traduction de l'estonien par Jean-Pierre Minaudier
de Kivirähk, Andrus Minaudier, Jean-Pierre (Traducteur)
le Tripode / Météores
ISBN : 9782370550637 ; 13,90 € ; 28/05/2015 ; 480 p. Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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L'ancien s'en va, remplacé par le nouveau
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 54 ans) - 21 août 2025
Quand j’en ai commencé la lecture, je n’en savais rien du contenu, à part de très vagues réminiscences de la lecture des critiques qui m’avaient fait à l’époque cliquer sur « à lire » sur ce titre. Les premières pages m’ont un peu dérouté. Mais qu’est-ce que c’est cette histoire ?? Des ours qui parlent et qui se mettent en couple avec des femmes humaines, une langue de serpent qui se parle en sifflant et qui permet de communiquer avec eux, des anthropopithèques qui élèvent des poux,… Dans quoi étais-je tombé ? Cela m’a semblé être une sorte de fantasy, mais alors une fantasy comme je n'avais lu de pareil nulle part. Alors c’est vrai que par moments, l’histoire m’a semblé vaine et puérile. Mais la force du propos allait au-delà de ces simples fantaisies amusantes.
Toute l’histoire raconte en fait l’inéluctabilité du temps qui passe et qui change les sociétés. Toutes les sociétés humaines sont nées, se sont développées, ont eu leurs apogées, puis ont décliné et ont disparu. Toutes cultures, les rites, les modes de vie, les règles et les croyances qui les régissaient en ont fait de mêmes. Et dans le livre de Andrus Kiviräkh, c’est celui de la société estonienne du 13ème siècle, qui a subi le bouleversement de l’invasion allemande et dans son sillage, de l’expansion du christianisme, et qui a fini par condamner la société archaïque alors en place.
Il y expose aussi les croyances et rites religieux des sociétés en présence, l’antique peuple de la forêt et les nouvelles communautés chrétiennes. Chacun d’elles avait son propre système religieux, qui entre inévitablement en conflit avec l’autre, chacune avec ses croyances erronées et intolérantes. Une critique des religions, donc. Mais aussi, l’immuabilité du changement. L’ancien se meurt, remplacé par le nouveau, nouveau qui à son tour devient ancien et sera remplacé par un autre nouveau.
Voilà de quoi parle ce livre d’Andrus Kiviräkh, auteur absolument inconnu pour moi, et que je découvre être doué d’un talent certain pour la narration (du moins, la traduction en français qui en est donnée). De ce fait, une lente mélancolie imprègne le livre, qui se fait plus poignant à mesure que le récit avance. Il y a aussi de l’humour, de l’absurde et de la violence (beaucoup !). Finalement un excellent livre, qui a sa cohérence de bout en bout, à la lecture plaisante mais avec des passages lassants de niaiserie.
Quand le fantastique représente une réalité condamnée…
Critique de Reginalda (lyon, Inscrite le 6 juin 2006, 58 ans) - 31 octobre 2019
Leemet, le héros et narrateur est le dernier en tout : le dernier garçon né dans la forêt, le dernier à savoir la langue des serpents, le dernier gardien de la salamandre, le dernier habitant de la forêt… Et il va nous livrer le récit poignant de sa vie, où l’on verra disparaître inéluctablement tout ce qui constituait sa réalité. L’auteur ne sombre ni dans la nostalgie ni dans l’idéalisation, mais, de façon extrêmement subtile, se sert du fantastique – la salamandre, les hommes qui parlent aux serpents et aux animaux, la maîtrise des vents… – pour incarner la réalité condamnée. Cela donne un livre d’une richesse prodigieuse, sans le moindre manichéisme.
Merveilleux
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 37 ans) - 11 novembre 2015
Leemet a pour meilleur ami Ints, un serpent, et vit dans la forêt à la manière d’un sauvage avec sa mère, sa sœur et son oncle. Dans ce monde magique où les femmes tombent amoureuses des ours, où on vole avec des os humains et on chasse les vents, où on élève des poux de la taille d’un chevreuil, où on lèche une pierre pour se nourrir durant l’hiver, Leemet va connaître plein de malheurs et voir son avenir s’assombrir pour faire place à la solitude, le désenchantement.
Au-delà du conte, Andrus Kivirähk cherche à exprimer la violence - l’agressivité culturelle du pouvoir soviétique- la survie des minorités et la nostalgie du temps qui passe. Une belle réflexion et un voyage fantasmagorique à ne pas rater !
Promenons nous dans les bois...
Critique de Deinos (, Inscrit le 14 février 2009, 63 ans) - 11 mars 2015
Après tout le narrateur ne tente-t-il pas de concilier deux univers malgré l'intolérance des uns et des autres, intolérance qui l'amène à une violence extrême avant l'acceptation de sa condition...
Une très agréable et prenante lecture...
la guerre des mondes
Critique de Ucca (, Inscrit le 13 février 2015, 43 ans) - 21 février 2015
Une narration relativement attrayante même si j'ai relevé de-ci de-là certaines lourdeurs gênantes (peut-être du traducteur?).
La postface, (que j'ai trouvée relativement mal écrite, quel dommage!), éclaire un peu mieux certains points du récit.
Sans partager l'avis de beaucoup qui font de ce livre un chef-d’œuvre, je le trouve agréable, et il permet de se rabibocher avec le genre féérique.
"J'étais là, au coeur de la folie moderne"
Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 55 ans) - 8 février 2015
C’est toute la vie sylvestre du moyen âge estonien, avec ses rites et ses traditions, qui est anéantie par l’arrivée des Allemands et du christianisme.
Leemet est né à la croisée des chemins, à un moment où beaucoup ont déjà déserté la forêt pour aller au village, s’adonner à de stupides activités pour manger cette chose sans goût qu’est le pain, beaucoup ont déjà renié leurs origines, et tous ont pratiquement oublié la langue des serpents.
Du temps des aïeux de Leemet, tous les hommes la connaissaient, elle garantissait l’équilibre et la paix avec la nature tout entière, son grand-père avait même des crochets à venin dans la bouche et tous les hommes sifflant ensemble réveillaient la Salamandre, animal géant, divin et mythique, qui assurait la prospérité de tous.
Dernier héritier de ce monde dépassé, Leemet souffre d’être le témoin d’une civilisation qui s’écroule, d’être abandonné par ses amis dont les noms se germanisent et pour qui la forêt ne représente plus qu’un univers archaïque auquel il faut renoncer.
Entre fable et pamphlet, un livre qui nous fait voyager dans une autre époque, dans un autre lieu, en somme ailleurs, et réussit à nous émerveiller par ses légendes autant qu’il nous fait réfléchir sur l’éternel débat entre tradition et modernité.
Sans manichéisme aucun, la forêt courait aussi à sa propre perte.
Finalement, ce n’est pas le monde nouveau que Leemet fustige, mais le monde tout court, avec son intolérance, son intransigeance, et ses belles certitudes.
le dernier homme
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 50 ans) - 29 août 2013
Le style du roman, lui, m'a d'abord un peu décontenancé, car il mêle à la fois des éléments fantastiques issus des contes et légendes et un pessimisme, une noirceur omniprésente au long du livre, et qui prend de plus en plus de place au cours de l'histoire. Les passages s'apparentant aux contes sont parfois naïfs, voire même enfantins. Les parties les plus noires s'avèrent au contraire violentes, amorales et cruelles.
Le récit de Leemet, le personnage principal, qui peut d'abord ressembler à une farce avec ses personnages décalés, voire grotesques, nourrit une réflexion politique et sociale sur les civilisations. Chaque société croit bien souvent détenir en la matière la civilisation la plus avancée, au risque de l'obscurantisme, voici notamment ce que nous signifie le narrateur. J'ai d'ailleurs apprécié à ce propos que le roman soit relativement nuancé : les villageois, par exemple sont naïfs, obtus et sûrs de leur supériorité, mais les habitants de la forêt les plus conservateurs ne valent pas bien mieux qu'eux dans leur intolérance.
La postface éclaire le lecteur sur l'interprétation qu'on peut faire du roman dans le contexte estonien mais les thèmes, le traitement de l'histoire et le talent de l'auteur font du livre une œuvre universelle.
Ce roman curieux, qui pourra être déroutant pour certains, est une œuvre mélancolique et d'une grande poésie, servie par une narration drôle, débridée, énergique mais plutôt désespérée.
Ssss
Critique de Alouette (Seine Saint Denis, Inscrite le 8 mai 2008, 40 ans) - 16 mars 2013
Leemet serait donc le dernier "siffleur". Il aimerait bien réveiller cette fameuse Salamandre mais comment faire ? Parallèlement à ces recherches, le jeune homme voit ses amis partir dans les villages et "tourner casaque" : ils sont baptisés, changent de nom (ils prennent un nom latin), et ne veulent plus penser à leur passé mais surtout oublient la langue des serpents (trop difficile à apprendre).
Le très bon point du livre c'est qu'il n'est pas manichéen. Les habitants de la forêt ne sont pas tous des "gentils". Les croyances et les superstitions les rendent parfois aussi ingérables que les villageois.
L'autre bon point du livre est le suivant : un texte est ajouté à la fin de l'ouvrage pour expliquer la portée politique du roman.
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