Que d'os !
de Jean-Patrick Manchette

critiqué par Superhuman, le 24 juillet 2014
( - 32 ans)


La note:  étoiles
C'est le cas de le dire
Dans ce livre vous trouverez une somme considérable d'expressions à la mode à l'époque de sa rédaction: bien sûr il n'y a rien qui vieillit aussi vite que la mode et ses atours (pensez au "verlan" devenu plutôt ridicule aujourd'hui !) mais de cette façon, les écrits de Manchette possèdent un charme gentiment désuet et plaisant à lire. Bref, dignes de la mode avec un grand m, je dirais pour ma part.

Et la différence majeure avec toutes ces fashion-victimes de notre temps - il y en a chaque année et pour diverses raisons autant surévaluées les unes que les autres... -c'est évidemment le talent qu'avait J-P Manchette pour faire passer ses romans et nouvelles. Ce qui n'empêche pas que certaines de ses réflexions apparaîtront un peu cocasses aux yeux du lecteur de 2014, mais les gens intelligents se satisferont là sûrement d'une originalité pas si fréquente chez un écrivain.

De même le style clair et concis de l'auteur apporte à ce polar un ton légèrement au-dessus de ses concurrents , et même si les convictions naives, aveugles, et aussi dualistes (mais cependant bien réelles) de Manchette pourront irriter l'homme avide d'une vraie justice sociale, l'on s'en contentera avec sagesse d'autant plus que l'intrigue de "Que d'os !" s'enclenche assez vite au niveau d'une sorte de super secte dont font partie des notables. Déja vu ailleurs comme thème (sinon chez James Bond) mais après tout, les hommes du Soviet Suprême n'avaient peut-être pas tout à fait tort de se méfier des réunions à plus de 2 personnes...

Encore un bon point pour Manchette.
Pas le meilleur 6 étoiles

Une vieille femme d'allure modeste se présente chez Eugène Tarpon pour lui demander son aide. Sa fille, Philippine Pigot, orpheline de père et aveugle de naissance, a disparu mystérieusement. Blonde, jeune et assez jolie, elle vivait chez sa mère à Mantes la Jolie. Elle prenait le train de banlieue cinq jours par semaine pour aller exercer son métier de secrétaire (en braille) pour la Fondation Stanislas Baudrillard à Paris. Un matin de septembre, elle était partie travailler comme d'habitude. Et personne ne l'a vue arriver à son bureau. Tarpon commence par privilégier la thèse de l'enlèvement, la mère lui ayant précisé qu'elle n'avait ni fiancé ni petit ami. Mais un peu plus tard, Tarpon apprend qu'elle serait partie de son plein gré en compagnie d'un jeune homme. Alors, kidnapping ou simple fugue ?
« Que d'os ! » est un roman noir mettant en scène une nouvelle fois le détective, ex-gendarme désabusé, Eugène Tarpon, personnage déjà récurrent, mais dont on ne sait encore pas grand-chose. Il mène une enquête assez compliquée, qui part un peu dans tous les sens avant de finir au sein d'une secte aussi ésotérique d'improbable où il devra payer de sa personne. L'histoire ne se situe pas très loin de la parodie de romans d'aventures ou d'espionnage style Bob Morane ou OSS 117. Tout est tellement caricatural et outré que cela en devient presque humoristique. On notera que l'écriture est des plus relâchée, pour ne pas dire bâclée : nombreuses répétitions, style parlé ou écriture au fil de la plume, quasiment sans relecture. L'ensemble peut être considéré comme divertissant, mais le lecteur peut aussi remarquer que cela a assez mal vieilli. Pour moi, ce titre n'est pas finalement le meilleur ouvrage de Manchette.

CC.RIDER - - 67 ans - 12 octobre 2025