Ô dingos, ô châteaux ! / Folle à tuer
de Jean-Patrick Manchette

critiqué par Antihuman, le 22 juin 2019
(Paris - 42 ans)


La note:  étoiles
Folle à tuer
Ce livre ayant pour thème la folie féminine, j'ai été content de le lire car ce sujet est de moins en moins traité de nos jours à cause de ce fade "politiquement correct"...

Il est vrai que Jean-Patrick Manchette n'en aurait eu sans doute que cure. Dans ce roman rebaptisé FOLLE A TUER après le film, on suit donc une femme perturbée psychologiquement (ou trop silencieuse) et accompagnée d'un gosse à la merci d'un groupe de tueurs propulsés par des notables. Je ne vais pas conter l'intrigue afin d'épargner tout suspense et même si ce polar "hard-boiled" n'est pas sans rappeler ces énormes clichés (les hommes sont des salops, des pervers finis ou des gros dégueulasses maniérés)et ces archétypes souvent présents dans les livres de Manchette, la lecture est très plaisante car totalement dénuée de ces truismes stupides et prétentieux du nouveau polar, ou l'on montre le plus souvent des personnes incluses dans la société; et pire, avec une famille !

Je ne parle pas également de ce côté sectaire typique du maître du policier français, qui profitait parfois de ses écrits pour disserter sur ses opinions. Et après tout,l'héroïne est ici censée être une démente.

Mais cela fait plaisir de retrouver cette grande plume minimaliste et cette sensation d'intense étrangeté du quotidien, où ces personnes semblables à celles de notre entourage se révèlent être des monstres normés...
Pas le meilleur de Manchette 6 étoiles

Hartog, richissime homme d'affaire, est aussi connu pour sa tendance à la philanthropie. Il ne fait travailler que des handicapés dans ses entreprises, mais aussi dans sa domesticité. Sa cuisinière est épileptique, son chauffeur est boiteux, son jardinier n'a qu'un bras, sa secrétaire particulière est aveugle et son majordome fait de l'ataxie locomotrice. Pour s'occuper de « sale môme », le petit Peter, son embarrassant neveu, il est allé chercher une certaine Julie Ballanger dans un hôpital psychiatrique tenu par le Docteur Rosenfeld. Mais à peine arrivés dans le parking souterrain de son immeuble, Hartog est attaqué et molesté par un individu qu'il dit connaître, vu que c'était son ancien associé, un nommé Fuentes. Le lendemain, Julie emmène Peter jouer au jardin du Luxembourg. Elle se retrouve kidnappée avec l'enfant par un certain Bibi. Julie n'a pas l'intention de se laisser faire. Mais qui est derrière ce traquenard qui se complique avec la participation de tueurs patentés ?
« Ô dingos, ô châteaux » n'est pas du tout un roman policier au sens classique du terme mais plutôt un roman noir dont l'intrigue fort simple pourrait tenir au dos d'un timbre poste. En gros, Hartog est une crapule qui ne doit son succès qu'à la traitrise et qui veut parachever son œuvre. L'ennui, c'est qu'il va avoir affaire à une folle dingue qui ne réagira pas du tout comme il l'avait prévu. Et tout le roman tourne à la narration d'une très longue traque et fusillade où les gens s'esquintent, se blessent et mettent un temps fou avant de mourir. Il faut bien remplir les deux cent pages de cette opus un peu poussif et parfois même un brin ennuyeux. Le parti pris de ne raconter que des actions et de ne décrire que des paysages et aucun sentiment devrait permettre de donner plus de rythme à la narration. Ce n'est pas vraiment le cas. Cela se veut visuel, cinéma coup de point, voire Tarentino avant l'heure. Les personnages sont caricaturaux, insignifiants et presque sans intérêts. On peut faire un détour, car cet opus est loin d'être le meilleur de Manchette.

CC.RIDER - - 67 ans - 11 août 2025