Les fumeuses fatales de Gilbert Lascault, Denis Pouppeville (Dessin)

Les fumeuses fatales de Gilbert Lascault, Denis Pouppeville (Dessin)

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par JPGP, le 7 juillet 2023 (Inscrit le 10 décembre 2022, 78 ans)
La note : 10 étoiles
Visites : 997 

Gilbert Lascault et les cimetères sous la lune

Le conte inspiré par les dessins satiriques de Denis Pouppeville n’a rien d’une féerie glacée. Morgane et Viviane n’ont pas besoin de lutins pour se faire lutiner. Un seul amant suffit aux « fumeuses fatales » pour une ripaille à six jambons. Leur bouc y devient le commissaire d’agapes lascives avant de devenir émissaire. De jours comme de nuits d’abord tout coulisse.

Gilbert Lascault crée ainsi une fable à sa main dans laquelle nulle morale n’est à attendre. L’amusement est de rigueur mais, messe dite, il faut que ça saigne : cigarettes des petites pépées, leurs couteaux et tout l’arsenal cher au funambule Pouppeville (roues, chariots, baguettes et tambours, etc.) créent une dictature de la bouffonnerie avec un début d’incendie dans la prunelle et le mystère de la vie et de la mort en plein soleil comme sous la lune.

Les mélusines arthuriennes deviennent d’habiles traîtresses. Sous leur feinte de naïveté le voyeur est pris en un leurre poétique et drôle. Au mirage de leurs ressemblances les fées s’en donnent à corps joie. Elles se transforment en icônes dont l’aura tient d’une certaine charcuterie. Morgane et Viviane n’on que faire de mêler les temps et les galaxies. Elles s’amusent. Se prend alors pour vraie la rencontre entre les images du créateur et les mots du conteur.

Le voyeur croit à la transparence de la fable même si l’ensemencement des dessins de Poupeville la plonge dans une étrange folie. Et plutôt que d’embaumer les corps Lascault y glisse des indices comme au fond d’un jeu de piste. Il s’y tient au bord comme ses fées dans des coursives qui donnent accès à des antichambres secrètes. Elles y sont plus abeilles que détenues. Leurs silhouettes sont belles et pâles comme celles des femmes dans les films d’Ozu. Elles sont là, elles sont loin. Et c’est surtout cette seconde situation qui rassure le lecteur. A bon entendeur, Salut.

Jean-Paul Gavard-Perret

.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Forums: Les fumeuses fatales

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Les fumeuses fatales".