Confessée suivi de Quelques lettres au milieu d'elle de Marie L.
Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Photographie
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Marie L. et le corps des femmes
Dans ce livre, de la compilation des corps féminins Marie L. retient un pont, des projections, tout un jeu de dérives et de basculements d’échelle, d’impossibles perspectives et d’apesanteurs vertigineuses. Surgit plus que l'idée de l'idée de l’amour une "espèce d'espace" (Michaux) littéraire, décentré, fragmentairement amoureux, dispersé. A une vision nostalgique et mélancolique de l’affect la créatrice répond par le mouvement d’une « geste » (comme on disait au Moyen Age) de reconstruction par laquelle l’auteure fait acte de résistance. Elle sait que le corps amoureux n'est jamais débarrassé de ses ombres et qu'une écrivaine doit les fréquenter pour tenter de les expulser par la force de sa langue.
Face au quotidien qui tire par les pieds les hommes et les femmes Marie L. sait encore et malgré tout rêver l’amour l’approche n'est pas chez elle une abstraction de la réalité mais au contraire sa confrontation. Déchirée entre la tradition qui l'a formée et le monde qui s'ouvre à elle à chacun de ses voyages amoureux elle cherche autant ouverte à l’autre qu’à son idée forte et brûlante de la liberté. Elle cherche sans cesse le trait qui projette dans diverses tonalités la grêle et le feu qui change le fleuve du quotidien en absinthe.
Sans cet espoir fou il n'existe pas de littérature qui vaille la peine. En sa quête obstinée et par ses choix, Marie L. rappelle quelque chose d’important, d’essentiel : ce n’est pas derrière nous qu’il convient de regarder. Il nous faut, toujours, défoncer les vantaux mystérieux de l’Impossible. Certains l’accuseront de cérébralisme tourmenté et décadent. Mais on répondra simplement qu’elle reste au contraire la primitive d’une sensibilité centuplée, et que sa littérature demeure ivre de spontanéité, de puissance, de violence mais sans la moindre obscénité factice.
Elle a compris que l'art pour exister doit se laisse pénétrer par les notions nouvelles mais doit aussi faire son miel de ce qui fut son passé. Une lente absorption se fait des éléments anciens pour les synthétiser sous une forme manifeste qui apporte des innovations qui ne sont pas de pure forme. Marie L n’est pas sensible à la fausse ivresse de la “ trouvaille ”. Elle préfère les approches qui opèrent un travail de fond qui peut-être sauveront l’être des excès de la spiritualité…
A sa manière elle veut faire lever les instincts mais pour équilibrer leurs déterminisme. Ainsi voir ses installations revient à prendre de l’altitude à travers une attitude définie par Gérard Genette dans “ Bardadrac ” : “ Rosanette, à Fontainebleau, qu’elle visite pour la première fois, dit : “ Ça rappelle des souvenirs ! ”, évidemment sans savoir lesquels, et Louise, contemplant un déversoir sur la Seine à Nogent, hasarde : “ C’est comme le Niagara ! ”, où elle n’est jamais allée ”. Voilà les sensations que procure un livre lourd et léger dont l’Imaginaire ouvrent la frontière entre le réalisme et le rêve. Sa créatrice touche à des archéologies de l'impensable. Elle touche à l'essence de la vie dont elle travaille les traces corporelles au double sens de vestige et d'état naissant : point de vie, empreintes de ce qui ne se fait pas, mais qui permet une connaissance.
Jean-Paul Gavard-Perret
Message de la modération : Repris en partie de 2018 <a rel="nofollow" target="_tab" href="http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/photographie/review/1947893-nelly-palomaki-sombre-eclat-du-vivant">http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/&hellip;</a>
Les éditions
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Confessée [Texte imprimé], récit Marie L.
de L., Marie
Éd. Cartouche / Collection Les Modernes
ISBN : 9782915842746 ; 20,24 € ; 01/02/2011 ; 263 p. Broché
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