critiquesLibres.com : Le soldat désaccordé Gilles Marchand

Le soldat désaccordé de Gilles Marchand

Le soldat désaccordé de Gilles Marchand

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pascale Ew., le 22 novembre 2023 (Inscrite le 8 septembre 2006, 58 ans)

La note : 7 étoiles

Moyenne des notes : 9 étoiles

(basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles

(12 710ème position).
Visites : 3 062

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L'amour malgré la haine

Un rescapé de la première guerre mondiale, amputé de la main, est devenu en quelque sorte détective après la guerre. Mme Joplain vient le charger de retrouver son fils Emile disparu en 1916. Notre détective a vu tellement de familles rechercher leurs morts qu’il n’y croit plus vraiment, mais il s’attache à cette affaire lorsqu’il apprend l’histoire d’amour qu’elle renferme : Lucie Himmel, issue d’une famille très pauvre d’Alsace (allemande à l’époque), était entrée au service des Joplain à quatorze ans et avait fait la connaissance de leur neveu durant l’été. Leur amour avait valu son renvoi quelques années plus tard. La guerre n'eut cependant pas raison des amoureux.
Le détective passe des années, captivé par cette histoire qui le hante, à rechercher les deux amants, à retracer leurs moindres mouvements…
Or, le narrateur a lui aussi son histoire et il s’en veut terriblement. C’est pourquoi il continue de vouloir se rendre utile, quitte à rester hanté par la guerre et toutes ces histoires individuelles.
Et la deuxième guerre mondiale se profile déjà. Tous ces morts n’auront donc servi à rien !!!
Cette histoire d’amour devient aussi prenante pour le lecteur que pour le narrateur, aidée en cela par le décor de bombes, de balles et de boue.

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Les éditions

Le soldat désaccordé [Texte imprimé] Gilles Marchand
de Marchand, Gilles
aux Forges de Vulcain / Collection Fiction (Bussy-Saint-Martin)
ISBN : 9782373056488 ; 18,00 € ; 19/08/2022 ; 208 p. Broché
Le soldat désaccordé [Texte imprimé] Gilles Marchand
de Marchand, Gilles
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253243380 ; 7,90 € ; 03/01/2024 ; 224 p. Poche

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Après l’armistice une guerre n’est pas finie.

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 89 ans) - 23 août 2025

Ce n’est pas un livre de guerre, la guerre est finie depuis longtemps, nous sommes en 1920. Un ancien combattant se dévoue à aider une maman à retrouver la trace de son fils peut-être mort au combat ou peut-être disparu et encore en vie. C’est donc une enquête policière, ou plutôt une enquête de détective qui va durer pendant sept ans et qui sert de fil conducteur à ce merveilleux petit roman. Oui, il est merveilleux et même inattendu parce qu’il s’y mêle une histoire d’amour, un amour à la Roméo et Juliette, un amour impossible mais sublime. Alors bien sûr, il y a des horreurs, nous fouillons dans les souvenirs de guerre, mais aussi des moments merveilleux parce que les histoires d’amour bien racontées sont toujours merveilleuses.

Le narrateur est l’ancien combattant devenu détective. Il raconte son périple à la première personne, ce qui est souvent une gageure, mais ici c’est gagné. Le narrateur devient, au fil de l’histoire, un personnage de son récit, il a fait la guerre, il a lui aussi été amoureux et il se demande s’il a fait le bon choix quand il a dû choisir entre son devoir et son amour. C’est un très beau personnage, un personnage très émouvant.

Tout ça est écrit avec une simplicité déconcertante, dans un style qui tape juste et toujours avec des mots simples et bien adaptés aux situations. Un vrai coup de cœur.

Mais on a peut-être tort de dire trop de bien d’un livre. Celui qui le lira risque de dire : on en a dit tant de bien que je m’attendais à mieux. Il faut savoir que ce n’est pas seulement une affaire de goût, c’est aussi une question de moment. Je le porte aux nues parce que c’est bien le livre qu’il me fallait au moment où il m’est tombé dans les mains.

L'amour par dessus tout

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 63 ans) - 30 juin 2025

Un petit roman fort bien tourné qui nous raconte la Grande Guerre (mais aussi son avant et son après) de façon fort originale. Le narrateur est une sorte de détective spécialisé dans la recherche des milliers de disparus du 1er conflit mondial. Lui-même est un ancien poilu qui y a laissé la main gauche en 1914 sur la Marne. Malgré son handicap, il a servi toute la guerre dans des rôles non combattants, refusant même les permissions et ne rentrant de la guerre qu'après l'Armistice de 1918. Durant les années 20, presque 10 ans après, il est contacté par une veuve, Mme Joplain, qui le paie fort cher pour qu'il retrouve son fils, Emile, officiellement disparu à Verdun en 1916. Elle le croit toujours en vie, elle le "sent". Alors, notre détective se lance dans une enquête qu'il pense d'abord facile mais qui va le mener dans une quête qui durera sept ans et ne le laissera pas indemne. Qui était vraiment Emile, et qui est cette jeune Lucie dont il était amoureux ? Serait-ce elle la "Fille de la Lune" que de nombreux poilus évoquent dans leurs souvenirs ? Les rebondissements ne manquent pas, on pense toucher au but et puis pouf ! Jusqu'au dénouement, inattendu.
Un livre très beau, très poignant et très bien écrit. Personnellement, j'ai adoré.

Une petite histoire dans la grande guerre

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 77 ans) - 1 novembre 2024

Le conteur, celui à qui l'auteur a donné vie et parole a perdu une main durant la grande guerre. Pendant quatre ans, il arpente les champs de bataille, rencontre des anciens poilus pour retrouver à la « demande de tiers » un jeune homme , mobilisé qui a disparu en 1917.
Peu à peu, il s'aperçoit qu'il enquête, non sur un jeune soldat mais sur un couple.
C'est une véritable histoire d'amour, étonnante, et émouvante qui va donner lieu à une quête.
C'est poignant, parfois fantaisiste, il faut le faire quand on décrit largement des horreurs.
Le monde s'effondre mais si la solidarité des tranchées existe bel et bien, à l'arrière il existe une différentiation sociale.
Lucie aime passionnément son Emile.
Ils défendent leur amour contre leur propre famille et notamment contre la mère d'Emile qui n'accepte pas que son fils puisse aimer une pauvre, née en plus dans la zone allemande alsacienne !
Cette jeune femme connue comme celle qui « laboure » les champs de batailles pour retrouver son amour, ne lâche rien.
Que sont-ils devenus tous les deux, ont-ils réussi à rejoindre le Canada en suivant leur rêve commun ?

Jean-François Chalot