Suzanne Travolta
de Élisabeth de Benoît

critiqué par JPGP, le 17 février 2024
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Une certaine confiance d'Elisabeth Benoît
Pour son premier roman Elisabeth Benoît, choisit une fiction à vois multiples autour d'un suicide. Celui d'une scénographe inconnue sinon son "titre" de soeur d'un célèbre acteur. Dès lors cette notoriété sororale délie des voix dont celle de Suzanne sa voisine. Elle raconte - depuis Montréal - ce que disent les autres. La grande amie de la suicidée, Ray l'ami d'enfance et son frère Laurent. Néanmoins personne n'est capable d'expliquer le suicide mais tous "vendent" comme certaines leurs hypothèsses.

Une autre voix se mêle en alternance à la voix de la narratrice : celle d'un inconnu Bob. Personne ne le connaît. Il ne connaît pas Suzanne mais c’est à elle qu’il s’intéresse. Il est chargé de l’observer, d’enquêter sur elle. Il sait et raconte alors sur elle des choses qu’elle-même ne raconte pas. d'où cet effet d'astucieuse mise en abîme puisqu'à une enquête se superpose une autre.

Le lecteur ne saurait opter entre les deux trames mais se laisse saisir par les deux et leur incompréhensibilité qui n'effraie pas. Tout semble indiquer que chaque vie est une somme de dérives et surtout de renocements. Pour autant la persévérance n'est pas ici fille de la confiance ou du désespoir. Tout semble indiquer que les départs sont irréversibles mais l'éloignement non. Elisabeth Benoît prouve qu'on peut croire être vrai de diverses manières mais authentique d'une seule.

Jean-Paul Gavard-Perret