Houris de Kamel Daoud
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Prix Goncourt 2024
Aube, jeune Algérienne, est muette, ayant été égorgée lors de la guerre civile (1992-2002) et laissée pour morte. Elle "parle" intérieurement à sa Houri, fille dont elle est enceinte et dont elle compte avorter. Dans un pays à l'islam étouffant, Aube veut vivre en femme libre, ce qui bien sûr est quasiment impossible.
Roman allégorique, abstrait, à comprendre au second degré, avec beaucoup de recul. Assurément pas tout public, et c'est ce qui semble être devenu la règle d'attribution du Prix Goncourt.
Difficile à recommander, nécessite en tout cas d'être averti.
Les éditions
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Houris [Texte imprimé], roman Kamel Daoud
de Daoud, Kamel
Gallimard
ISBN : 9782072999994 ; 23,00 € ; 15/08/2024 ; 416 p. Broché
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Les critiques éclairs (4)
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passionnant
Critique de Clubber14 (, Inscrit le 1 janvier 2010, 34 ans) - 3 septembre 2025
Par les yeux d'Aube, jeune femme algérienne, musulmane, victime du terrorisme islamiste lors de la guerre civile qui a sévi dans ce pays dans les années 90 et qui l'a rendue muette, Kamel Daoud essaie d'ouvrir les yeux du monde sur cette décennie tragique qui a frappé l'Algérie. Et sur ce fond de guerre civile et de tentative de prise de pouvoir par les islamistes, c'est le sort des femmes qui y est dénoncé. Le sort des femmes d'aujourd'hui, pas d'il y a 30 ou 50 ans. Des femmes qui sont mal vues si elles fument ou tiennent un commerce, si elles marchent seules dans la rue (sans chaperon) ou si elles se coiffent ou se maquillent.
Mais ce n'est pas que d'Aube dont il est question dans ce roman, même si elle reste le personnage central, celle qui parle à sa fille à naître et hésite jusqu'au dernier moment entre garder cette enfant et l'élever dans un pays si dur pour les femmes ou avorter. D'autres personnages, tout aussi intéressants, font leur apparition et le lecteur découvre comment le terrorisme de cette époque a détruit de nombreuses vies, que ce soit celles de femmes comme celles d'hommes.
Heureusement que cet auteur nous livre ce roman car l'Algérie interdit la publication de ce genre de texte, et essaie d'effacer cette histoire. L'auteur prend un risque infini avec l'écriture de ce roman, qui a été publié presque au même moment que l'arrestation arbitraire d'un autre auteur algérien extraordinaire, je parle bien sur de Boualem Sansal.
Ce livre est donc une merveille, que je conseille sans modération et qui est selon moi, et au contraire de ce que j'ai pu lire dans d'autres critiques ici-même, à mettre entre toutes les mains.
La guerre civile en fiction
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 22 mai 2025
Et son existence frappe les esprits tout autant, comme celle de ses proches et la librairie familiale.
C'est rude, mais cela instruite et fait utilement réfléchir.
Lu à Saint-Raphaël - Valescure
une lecture difficile mais nécessaire
Critique de Mary_2410 (Asnières-sur-Seine, Inscrite le 22 avril 2025, 39 ans) - 22 avril 2025
Ce prix Goncourt mérite amplement son prix aussi bien pour le style littéraire que pour le thème du roman qui nécessite d'être raconté.
Cependant l'histoire est dure, et certains passages peuvent choquer.
Au nom de toutes les victimes d'une guerre civile niée
Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 77 ans) - 23 février 2025
Tous les siens y sont restés, égorgés, sa grande sœur âgée de 8 ans est morte, elle aussi.
Aube a survécu avec une blessure à la gorge « un sourire », elle n'avait que trois ans.
Elle ne peut plus parler, aucune opération ne peut la rétablir complètement et aujourd'hui 21 ans après ce drame abominable, ce crime, elle cherche à savoir ce qui s'est passé. Enceinte, elle parle à sa petite fille qu'elle gardera peut être ou non.
Elle décide de revenir sur le lieu de ces abominables assassinats .
Au cours de son voyage, de sa quête de vérité, elle rencontre plusieurs personnes, hommes et femmes, victimes d'une guerre que le gouvernement nie avoir existée.
Ce livre écrit par un homme qui parle pour une femme son héroïne est un chef d'œuvre tant par son contenu que par son écriture.
Aube qui parle à son bébé à venir ou à ne pas venir, résume le devenir des femmes :
« Je t'évite de naître pour éviter de mourir à chaque instant. Car dans ce pays, on nous aime muettes et nues pour le plaisir des hommes en rut. »
C'est fort, c'est dur mais tellement véridique.
Là-bas, comme ailleurs et même ici en France, des femmes ne sont pas respectées et sont des objets.
Aujourd'hui, personne n'a le droit de parler en Algérie de cette période oubliée qui pendant près d'une décennie, de 1992 à 2000 a vu une guerre civile voyant s'affronter des hommes galvanisés par la haine à un gouvernement ne visant qu'à préserver son pouvoir.
Plus de 200 000 personnes ont perdu la vie et au moment de la grande réconciliation, les anciens bourreaux ont été « lavés » de leurs crimes et d'ailleurs ce n'étaient pas des assassins rebelles mais des « cuisiners » !? C'est ainsi qu'ils ont refait surface...quant aux femmes, celles qui ont survécu, elles ont souffert, pleurés leurs morts et leur vie continue dans des conditions peu enviables.
C'est un magnifique et terrible roman que le lecteur ne pourra pas oublier.
Jean-François Chalot
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