Patronyme
de Vanessa Springora

critiqué par Veneziano, le 20 avril 2025
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Le trouble de ses origines
A la mort de son père, l'auteure regrette cet éloignement, en raison des affabulations permanentes qu'il a pu proférer durant toute son existence. Son oncle Dominique, donc le frère du défunt, l'a confirmé et ne l'a que que fort peu porté dans son coeur. Aussi cherche-t-elle à percer les mystères de son existence. Et cela commence par son nom, que personne ne porte en France. Il a bien évoqué des origines tchèques, ce qui constitue probablement une piste à creuser. Un passé lourd peut avoir été enfoui, pour une raison ou une autre : il a décrit son propre père comme un héros ; mais qu'a-t-il vraiment été ? De fil et en aiguille, l'auteure retrouve des élément insoupçonnés, les rayons vraisemblables de tant de mystères, la nature du mal familial originel qui a totalement désorienté l'équilibre de cet homme, au point d'avoir ressenti le besoin de réinventer sa vie et ses origines, tant qu'il l'a pu.
Cette famille dysfonctionnelle repose désormais sur des fondements connus de l'auteure, qui se sent quelque peu rassérénée d'arriver au moins à comprendre la nature du mécanisme de basculement psychique de son ère. Voilà qui déconcerte, mais qui permet de comprendre que cette femme se retrouve désormais en état de faire son deuil. Après son premier livre où elle analyse son emprise amoureuse auprès d'un écrivain célèbre, bien plus âgé, ce nouveau récit personnel glace également d'une autre manière ; et, une seconde fois, cette femme a réussi à trouver la force de décortiquer ses difficultés, de se rendre en République tchèque pour comprendre l'indicible qui a ébranlé tout son environnement personnel. Elle fait état d'un certain courage, d'une étonnante prise de distance.
Elle livre également une leçon : les secrets de famille méritent d'être découverts, pour pouvoir s'en laver et prendre de la distance, afin de s'en libérer. Cet ouvrage fait donc réfléchir utilement.
Second opus réussi et convainquant 8 étoiles

Curieux de découvrir comment on peut rebondir avec un premier ouvrage choc comme l’a été « Le consentement », je n’ai pas été déçu ni par le talent littéraire de Valérie Springora, ni par le récit qui au départ semblait peu original, celui d’un père mythomane, et qui devient beaucoup plus passionnant lorsqu’elle évoque son grand-père.

C’est aussi le profond travail de recherche historique qu’il convient de souligner afin de découvrir qui fut cet aïeul, quelles furent ses opinions, quelles actions ou exactions auraient été commises dans un passé obscur et comportant des zones d’ombre. Elle découvre d’où vient son nom de famille, aussi curieux qu’original.

Bien sûr mon intérêt pour l’histoire de la seconde guerre mondiale a ajouté un élément de motivation pour me plonger dans ce récit, mais l’autrice porte son lecteur, en ajoutant des considérations de grande justesse.

Je retiendrais notamment à la page 342 : « Chaque individu, qu’il le veuille ou non, est le dépositaire d’une histoire qui ne lui appartient pas, et dont il ne connaîtra jamais que les contours, une histoire estompée par le temps remodelée par l’obscur fonctionnement de la mémoire, par les récits qu’on a bien voulu lui en faire. »

Un très bon livre qui confirme le talent de cette autrice.

Pacmann - Tamise - 60 ans - 14 octobre 2025