Les Écrans de fumée
de Gilles Capelluto

critiqué par Laurent.Hennequin, le 21 juin 2025
( - 42 ans)


La note:  étoiles
Une génération sous hypnose ? Un roman lucide et engagé sur les mirages du numérique
Les Écrans de fumée, premier tome de la série Entre nous, nous plonge dans l’intimité de jeunes adultes en lutte avec leur image, leur identité et leur place dans un monde saturé de filtres. À travers des personnages attachants et finement écrits – Zoé l’influenceuse au bord de la rupture, Luna la psychologue en devenir, Théo le vidéaste rongé par le syndrome de l’imposteur, et Alex l’ingénieur idéaliste – Gilles Capelluto dresse le portrait sans fard d’une jeunesse prise dans la toile des réseaux sociaux.

Ce roman choral fonctionne comme un miroir tendu à notre époque. L’écriture est fluide, vivante, ponctuée de dialogues justes et d’observations sociétales acérées. L’auteur évite le piège du pamphlet technophobe : ce n’est pas la technologie qui est ici jugée, mais l’usage toxique qu’on en fait, et la pression de la performance constante. Chaque chapitre devient une introspection, un cri étouffé ou un éveil progressif.

Le manuscrit, même encore brut par endroits, est déjà très abouti : structuré, rythmé, porté par une plume empathique et documentée. On sent une connaissance précise des milieux qu’il décrit (influence, tech, psychologie), mais aussi une volonté sincère d’ouvrir le débat sans dogmatisme. À lire absolument pour qui veut comprendre la détresse silencieuse derrière les « likes ».

Un coup de cœur engagé et nécessaire.