L'Epopée de la sardine. Un siècle d'histoires de pêches
de Jean-Claude Boulard

critiqué par CHALOT, le 2 août 2025
(Vaux le Pénil - 77 ans)


La note:  étoiles
Une histoire sociale passionnante
Quelle épopée comme le souligne très justement le titre de ce livre !
Le lecteur suit de la naissance à sa fin de vie un pêcheur basé à Douarnenez
L’action se situe en mer et sur terre.
Jos commence sa vie de marin au moment où se déroule le premier mouvement de grève : celui des hommes qui se révoltent contre l’introduction des sertisseuses machines à fermer les boîtes de sardines et celui des pen-sardines refusant de continuer à être payées au nombre de sardines intactes mises dans les boîtes.
Les casseurs de sertisseuses vont être durement réprimés alors que les femmes vont obtenir d’être rémunérées à l’heure et non à la pièce ;
Ce premier mouvement est un avertissement suivi par un autre beaucoup plus sévère fin 1924 avec une grève longue et victorieuse des pen-sardines qui obtiennent l’augmentation de salaire et de meilleures conditions de travail.
Un communisme particulier, sardinier va naître à cette époque qui va lier les marins aux pen-sardines et les marins entre eux qu’ils soient matelots ou « capitaines ».
Le récit est émaillé d’anecdotes très amusantes comme celle de ce voyage à Lourdes des pêcheurs bretons accompagnés par le « Don Camillo » recteur (religieux) en 1954. Il s’agit de rencontrer les marins se Sant-Jean-de- Luz tout prêt de Lourdes. Le fils de Jos est l’organisateur. Il annonce en profiter pour faire un pèlerinage à Lourdes, ce qui plaît à l’évêque de Quimper. Au retour, les pêcheurs s’aperçoivent qu’ils ont oublié de remplir avec de l’eau bénite les nombreuses bouteilles apportées. Le recteur les rassure, il leur propose de remplir les bouteilles avec de l’eau venant du robinet de quai de Poitiers. « Don Camillo » va bénir tout cela !
On trouve dans ce livre beaucoup de perles mais aussi des histoires dramatiques. C’est la vie des sardinières et des pêcheurs, du temps de la splendeur des sardines nombreuses à la crise qui a suivi la fin des trente glorieuses.

Jean-François Chalot