Wallons z'enfants d'la République
de Éric Dejaeger, John F. Ellyton

critiqué par Débézed, le 17 novembre 2025
(Besançon - 78 ans)


La note:  étoiles
Potacheries policières
Eric Dejaeger et John F. Ellyton ont réuni leurs talents respectifs pour publier ce roman dystopique, cocasse, burlesque, trivial, drôle mais pas que…, il raconte aussi ce que pourrait provoquer les problèmes générés par la bipolarité belge. Dans une histoire qui ressemble un brin à un bon vieux roman de San Antonio ou à ceux qu’Eric Dejaeger a consacré à Maigros, son inspecteur fétiche, les deux compères mettent en scène une sorte de barbouze qui serait un compromis entre Maigros, Bérurier et Hubert Bonisseur de la Bath recruté par le Comité de Protection de la Révolution pour venger l’assassinat du premier président de la République populaire de Wallonie-Bruxelles.

Lors d’une élection politique au Royaume de Belgique les partis proposant la « Wévoïe », un « Brexit » à la sauce wallonne, obtiennent une large majorité et décident de faire sécession d’avec la partie flamande du royaume et de l’ensemble des pays de l’Union européenne en créant la République populaire de Wallonie-Bruxelles qui devient ainsi une enclave socialiste au sein de l’Europe. Mais, à la stupeur générale, le premier président de cette république à la mode soviético-albanico-chinoise de la belle époque du socialisme autoritaire, est assassiné dès le premier jour de son mandat. Le barbouze recruté pour venger ce président défunt, son ami, enquête comme dans tous les bons polars pour retrouver celui qui se cache derrière ceux qui ont fomenté cette exécution. Pour savoir à qui profite le crime !

Ce polar politico-policer comporte tout ce qu’il faut de carambouilles, d’embrouilles, de trahisons, de retournements de situation et de surprises de dernière minute pour retenir l’attention des lecteurs jusqu’au final bien enlevé qui n’honore pas forcément la justice. Mais, ce polar n’est pas seulement une histoire politique et policière, c’est aussi, et surtout, une énième version de la dualité belge, une accusation des riches et de leur malveillance à l’encontre des moins riches, une dénonciation de tous les trafics imaginables, de la corruption généralisée et des malversations en tout genre dans un texte au langage comportant de l’argot, des expressions wallonnes, un brin de langue vernaculaire et des expressions inventées dignes d’Albert Simonin ou de San Antonio lui-même.

Un polar qui se serait grimé en un pamphlet politique tricoté dans un langage drôle, cocasse, surréaliste, …, pour faire rire le lecteur tout en attirant son attention sur les problèmes de la Belgique actuelle et pas seulement elle…. Le reste du monde est tout aussi concerné !