Cinq journées avec Baudelaire de Georges Barral
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
Un poète en terres belges
Du 26 au 30 septembre 1894, Nadar, qui est à Bruxelles pour faire une démonstration de son nouvel aérostat « Le Géant « délègue auprès de son ami Charles Baudelaire, descendu à l’hôtel du Grand Miroir , un jeune parisien du nom de Georges Barral. Ce jeune homme va décrire ces cinq journées passées avec le poète.
Un magnifique témoignage sur la vie de Bruxelles à l’époque. Tout nous est décrit avec talent : l’aérostat de Nadar, la rencontre avec le roi Léopold I er, la visite de Waterloo et du champ de bataille de Napoléon, diverses descriptions des rues du cœur de Bruxelles, remarques sur le séjour de Victor Hugo, une soirée au bordel de luxe,… Mais aussi des considérations gastronomiques ( entre autres sur les frites, hé ), sur le caractère des Belges et des Bruxelloises.
« Sa ressemblance physique avec Bonaparte me frappe. Ainsi que le Premier Consul, il est imberbe. Son front est large et découvert, légèrement bombé. Ses yeux ont de l’acier l’éclat froid et pénétrant. Son nez est proéminent avec des narines frémissantes. Ses lèvres, minces, avec un pli dédaigneux aux commissures. Le menton, accentué, volontaire. Son visage mat, avec quelques rides profondes. Son geste, saccadé, autoritaire. ( … ) Toute sa personne est pleine de distinction, de haute aristocratie anglaise, adoucie par le charme français. «
« … l’écrivain dépasse de très peu la moyenne, celle de Napoléon et de Hugo, il toise un mètre soixante-cinq centimètres, ( … ) une tête courte et ronde, celle des Latins. «
On sait que le séjour de Baudelaire en Belgique, à la fin de sa vie, fut catastrophique. Il donne des conférences un peu partout dans le pays mais n’y est pas connu, il n’y a personne pour venir l’écouter. Les Belges ne l’apprécient guère et le poète le leur rendra bien puisqu’il écrivit le terrible « Pauvre Belgique « . A Namur, il fit une chute qui marquera son retour en France et où il connaîtra une mort épouvantable.
« Le peuple ( belge ) boit, mange, fume, fornique et dort. Tel est le tempérament fondamental de l’indigène, exhibé dans ton son réalisme, et reproduit, pour que nul ne l’ignore, sur les enseignes et ses sculptures publiques. ( … ) et il ajoute :
- Ici, tout est approximation, incompréhension, suspicion, jalousie, calomnie. Les gens de Bruxelles me détestent et me traitent de paria. L’hospitalité belge est une « frime « . J’ai fait peu de connaissance, et celles-ci m’ont fui bientôt. Dans la rue, les voisins me regardent avec défiance et chuchotent sur mon passage. Dieu sait quelles calomnies ! «
A signaler également, des considérations sur la poésie absolument délicieuses mais j’en parlerai plus tard dans un autre article.
Les éditions
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Cinq journées avec Charles Baudelaire à Bruxelles [Texte imprimé] Georges Barral préf. de François Lallier
de Barral, Georges Lallier, François (Préfacier)
Obsidiane
ISBN : 9782904469916 ; EUR 12,20 ; 20/01/1997 ; 100 p. Broché
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