Le Jujubier du patriarche de Aminata Sow Fall

Le Jujubier du patriarche de Aminata Sow Fall

Catégorie(s) : Littérature => Africaine , Littérature => Francophone

Critiqué par Carmen, le 26 mai 2011 (Inscrite le 15 mai 2011, 79 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 478ème position).
Visites : 7 770 

Sur les traces des ancêtres pour mieux vivre le présent

Yelli est heureux et fier de lui : le pèlerinage organisé à Babyselli a été une réussite totale, bien au-delà de ses espérances. Pour Yelli, respecter les ancêtres, perpétuer leur souvenir dans le cœur des vivants est essentiel, il y a un peu de chacun de ses ancêtres en lui et savoir d’où il vient lui permet de mieux savoir qui il est et où il va.
La célébration des glorieux ancêtres était aussi au départ un prétexte pour ramener la paix dans sa famille et réconcilier Tacko son épouse avec Naarou « leur fille ». Il pense aux évènements qui l’ont amené à Babyselli…
Les liens familiaux qui unissent les différents personnages sont complexes et la généalogie pas facile à établir ! La polygamie permet aux hommes d’avoir plusieurs épouses, une veuve peut épouser le frère de son défunt mari et suivant une coutume bien établie, une mère peut donner son enfant à une autre. C’est ainsi que Naarou, à six ans s’est retrouvée la fille (esclave ?) de Tacko et de Yelli le jour de leur mariage. Mais jusqu’à ce jour sombre où Tacko avait laissé éclater sa rancœur, Naarou n’avait connu que le bonheur et l’amour chez ses « parents ».
Près du tombeau du patriarche où le jujubier, autrefois arbre miracle porte-bonheur, refleurit, les griots viennent chanter l’épopée qui mêle dans ses chants les ancêtres de Yelli, de Tacko et de Naarou.
L’auteur nous dit ici l’importance de la lignée avec la survivance de la notion de noblesse et de castes, l’attachement aux ancêtres et le respect des traditions orales transmises par les chants des griots. Elle nous dit aussi la complexité du rôle de la femme aux pouvoirs limités devant la puissance masculine tout en confirmant une place essentielle dans la société : « L’équilibre de notre monde repose sur les épaules de la femme, du marabout et du griot… S’ils révélaient les secrets qu’ils détiennent, le monde éclaterait ».
Superbe roman au caractère particulier qui mêle l’histoire classique d’une famille et la poésie des contes et des légendes.

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Le famille vue comme un mythe

7 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 14 juillet 2025


Ce roman permet de redéfinir le sens de la famille en Afrique, d'aborder aussi l'importance de la mémoire et de l'oralité pour immortaliser les épopées familiales. Les griots permettent de donner vie à une lignée et de ressusciter les histoires familiales afin qu'elles ne soient pas oubliées.

Yelli se retrouve déclassé alors qu'il vivait dans une belle demeure avec son épouse Tacko. Ils doivent déménager et emménager dans un petit local peu confortable ce qui va évidemment miner le moral du couple. A l'inverse, Naarou, jeune fille issue d'une famille d'esclaves autrefois liée à la famille de Yelli se voit intégrée à ce clan comme c'est le cas souvent au Sénégal, sans qu'il y ait de liens sanguins. Enfant, elle s'est même vue confiée à Yelli et à Tacko par sa propre mère pour qu'elle ait un avenir plus favorable et elle les considère sincèrement comme ses parents. Le changement de statut du couple va aigrir Tacko qui tiendra des propos fielleux à Naarou ... Un petit pèlerinage sera organisé comme moyen de relier lien familial entre tous les membres du clan, près du jujubier du patriarche. Un griot aura la parole et rappellera toute l'histoire de la famille afin de redonner du sens à tous les liens. Ce retour aux origines permet au lecteur de comprendre comment un clan familial et une mémoire se construisent au Sénégal.

Il y a beaucoup de personnages dans ce roman contrairement à ce que laisserait penser mon résumé. Le lecteur doit rester bien accroché s'il ne veut pas se perdre. L'on mesure combien l'oralité est capitale en Afrique et combien elle est porteuse de mémoire, peut-être de façon fragile. Les griots incarnent la mémoire collective. Le récit fait par l'un d'entre eux dans la dernière partie du roman a quelque chose de séduisant car il semble raconter un mythe avec des figures tutélaires qui ont engendré un clan. Se référer à ses origines permet d'expliquer le présent et de rappeler certains liens que les vivants avaient peut-être oubliés, comme le rôle de l'ancêtre de Naarou dans l'imaginaire de Tacko. L'écriture est belle et la construction du roman est intelligente et au service du propos de l'écrivaine.

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