La condition pavillonnaire de Sophie Divry
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Une vie de femme
M.A a tout pour être heureuse, un gentil mari, trois beaux enfants, un bon travail et un petit pavillon dans une jolie banlieue. Et pourtant, il lui manque toujours quelque chose. Il lui semble que son bonheur n'est pas absolu. Alors, elle multiplie les expériences, les tentatives et les échappatoires : elle trompe son mari, se lance dans l'humanitaire, le yoga, les sorties culturelles et même la rédaction de petits poèmes. Toute petite, déjà, elle s'ennuyait ferme... Velléitaire, frustrée et inassouvie, trouvera-t-elle un jour plénitude et accomplissement ?
« La condition pavillonnaire » retrace la totalité d'une vie de femme au sein de sa famille. Ainsi suit-on M.A de l'enfance à la mort. Une existence normale, banale, celle d'une Madame Tout le Monde de la classe moyenne. Avec un thème aussi peu porteur, Sophie Divry réussit le tour de force d'intéresser et même de passionner le lecteur grâce à son regard acéré ou décalé et à la pertinence de ses observations et constations. Au fil des pages, on ne peut que s'identifier aux principaux personnages, M.A. dans sa quête désespérée mais également François, le brave compagnon ou Philippe l'amant égoïste tellement ceux-ci semblent proches de nous. D'une certaine façon leur histoire c'est un peu notre histoire. Ou comment la banalité peut devenir surprenante et même originale. Nul doute que le style fluide et agréable de l'auteur ne gâche rien même si l'on peut regretter une navigation hasardeuse entre les temps de la conjugaison et quelques descriptions inutilement triviales (« comment faire un créneau » ou « comment programmer un magnétoscope ») que l'on classera dans la rubrique « fantaisie d'artiste » !
Les éditions
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La condition pavillonnaire [Texte imprimé], roman Sophie Divry
de Divry, Sophie
les Éd. Noir sur blanc
ISBN : 9782882503473 ; 17,00 € ; 21/08/2014 ; 272 p. Broché
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un roman d'initiation ?
Critique de Burney (, Inscrit le 22 octobre 2025, 50 ans) - 30 octobre 2025
Sophie Divry choisit de raconter une existence "normale", presque anonyme, dans ce qu’elle a de plus commun : école, couple, enfants, maison, travail. Cette banalité assumée n’est pas un défaut mais un dispositif littéraire : elle permet au lecteur de s’y reconnaître, de projeter ses propres choix, doutes ou regrets.
Mais cette universalité a un prix : l’absence d’originalité narrative. Le roman ne repose pas sur une intrigue haletante, mais sur une chronique douce-amère de la vie pavillonnaire, avec ses automatismes, ses injonctions sociales, ses désirs étouffés. Ce choix peut désarçonner : que dire d’un roman où "il ne se passe rien", sinon que cette vacuité est précisément le sujet ?
On pourrait lire La Condition pavillonnaire comme un anti-roman d’apprentissage, un roman d'initiation inversé. Il ne s’agit pas d’un parcours vers l’émancipation, mais d’un glissement progressif vers la résignation. L’héroïne ne choisit pas vraiment sa vie : elle la suit, la subit, la répète. Le roman devient alors un miroir critique tendu à celles et ceux qui s’apprêtent à s’engager dans les grandes étapes de la vie adulte : mariage, enfants, crédit immobilier.
En ce sens, le livre peut être lu avant de faire ces choix, non pour les encourager, mais pour en mesurer le poids social et existentiel. Il agit comme une mise en garde douce, une invitation à la lucidité.
Le style de Sophie Divry est fluide, précis, sans fioritures. L’usage du "tu" narratif est particulièrement marquant : il crée une proximité troublante, comme si le roman s’adressait directement au lecteur, ou comme si l’héroïne se parlait à elle-même, dans un dialogue intérieur post-mortem.
Ce choix stylistique renforce l’effet de miroir : on est à la fois spectateur et destinataire. Le ton oscille entre tendresse, ironie et fatalisme, avec des passages d’une grande justesse émotionnelle. L’écriture, bien que sobre, parvient à faire ressentir l’ennui, la frustration, mais aussi les rares éclats de joie ou de désir.
Un roman qui peut sembler fade si on le lit comme une simple biographie fictive. Mais si on accepte son projet littéraire — faire de la banalité un objet d’étude — alors La Condition pavillonnaire devient un texte subtil, critique et profondément politique, sur les normes de genre, les attentes sociales, et la difficulté d’exister en dehors des cadres.
Une claque
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 37 ans) - 6 septembre 2014
En tant que jeune femme, j’ai trouvé terrifiantes les pensées de cette femme et terriblement négatives. Ce n’est bien entendu que la situation d’une seule femme qui ne reflète aucunement le quotidien de toutes les femmes, et je pense qu’il est normal de s’interroger régulièrement sur son existence … toutefois ce roman sur la condition humaine, et plus particulièrement la condition féminine m’a laissé une impression de malaise et d’interrogations quant à la possibilité d’atteindre le bonheur. « Nous ne nous apercevons que tardivement, à l’occasion d’un événement précis, de ce qui change lentement chaque jour dans nos corps et dans nos sociétés ; et, bouleversés par cette découverte, elle nous paraît une déflagration. » Un roman bouleversant.
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